« Quand on se met loyalement à l’écoute d’un autre peuple en prière, on découvre que les attitudes et les mots les plus simples de l’expression spirituelle ignorent les frontières des religions. Cela va se traduire par un lien profond dans la prière avec les autres hommes et les autres croyants. Je sais là une communion qui dépasse les frontières »

(Christian de Chergé, « L’invincible Espérance », 1997, Bayard Editions, p.50. Texte du 8/12/78.)

« – PRESENCE : Assurer une PRESENCE, non pas missionnaire apostolique, mais contemplative et priante en milieu musulman, grâce à une communauté stable, unie, fraternelle, laborieuse (avec les associés). PRESENCE discrète, mystérieuse, séparée du monde et en communion avec les personnes, humblement attentives aux besoins matériels et spirituels de ceux qui nous entourent. « Portant le fardeau des uns et des autres … participant ainsi aux souffrances du Christ et à la mission de l’Eglise … avec l’espérance du Royaume » (Const. 3) ».

 » – CONTEMPLATION … en chemin : Un CHEMIN communautaire vers l’expérience contemplative de l’union à Dieu.

Extraits d’une lettre circulaire envoyée le 21 novembre 1995 de Tibhirine aux parents et amis de Notre Dame de l’Atlas (cité dans Sept vies pour Dieu et l’Algérie), dans laquelle la communauté précise les choix qui ont guidé sa décision de ne pas quitter l’Algérie malgré la violence qui y sévit. Leur statut monastique s’y retrouve très clairement.

Le Ribat essalam

Le « lien de la paix ». Rencontre Islamo-Chrétienne fondée au monastère de Tibhirine par Christian de Chergé et d’autres en 1979, basée sur un partage d’expériences spirituelles personnelles.

« Comment concrétiser notre volonté de communion ?
Comment exprimer, ensemble, la quête de Dieu dans notre existence commune ?

– Laissons-nous interpeller, désinstaller, enrichir par l’existence de l’autre ; écoutons-le ; cherchons à mieux comprendre sa tradition religieuse telle qu’il la vit.
– Restons ouverts à tout ce qui nous fait proches au chemin de la foi, partageant l’espérance de cette unité que Dieu promet à nos différences. Revêtons-nous de sa patience dans cette démarche.
– Dans cet esprit, ayons le souci de promouvoir des groupes – si modestes soient-ils – de prière et de rencontre entre hommes et femmes sincères et bienveillants.
– Dans nos relations quotidiennes, prenons ouvertement le parti de l’amour, du pardon, de la communion, contre la haine, la vengeance, la violence qui nous atteignent tous actuellement. Entrons ainsi dans l’attitude du Dieu de tendresse et de miséricorde qui est avec tout homme souffrant.
– Croyons au don de la PAIX que chacun porte en soi, pour soi, pour le monde entier. Apprenons à la contempler par-delà les apparences. Qu’elle soit pour nous source de joie, de confiance et de persévérance dans le lien qui nous tient. »

Propositions concrètes, extrait d’un texte rédigé par les membres du Ribat es-Salam en 1995,
Bulletin du Ribat es-Salam n°22, 1995.

« Le Christ est plus grand que l’Église. Les soufis utilisaient une image pour parler de notre relation avec les musulmans. C’est une échelle à double pente. Elle est posée par terre et le sommet touche le ciel. Nous montons d’un côté, eux montent de l’autre côté, selon leur méthode. Plus on est proches de Dieu, plus on est proches les uns et des autres. Et réciproquement, plus on est proches les uns des autres, plus on est proches de Dieu. Toute la théologie est là-dedans! »

Extrait d’une interview de fr. Jean-Pierre Schumacher,
Figaro Magazine février 2011

« Cette « maison de prière« , ce temple de l’Esprit que je suis, est appelé également à être très réellement une maison de prière pour tous les peuples, selon la promesse faite par le prophète Isaïe sur le temple de Jérusalem. C’est bien la prière qui m’aide à donner à chacun de mes frères sa juste place par delà un vivre ensemble souvent éprouvant (…). Cette unité de tous les peuples dans le cœur du Christ semble encore plus évidente quand on se met loyalement à l’écoute d’un peuple en prière et qu’on découvre à travers lui, que les mots les plus simples de l’expression spirituelle ignorent les frontières des religions, qu’ils sont un langage universel ; prière du corps gestuée, longue rumination d’une formule litanique, d’un dhikr ou d’une prière de Jésus, d’un mémorial des plus beaux noms de Dieu. »

Christian de Chergé, L’invincible espérance, Bayard Edition/Centurion, Paris, 1997, pp. 49-51